Directoire pour la catéchèse 2020

Rendre compte de « l’espérance des croyants » 

par Mgr Ruiz Arenas

Dans une société sécularisée « marquée par une dramatique crise de la foi », et pour répondre aux « nouvelles questions qui défient le monde et l’Eglise, les contenus de la foi doivent être présentés « dans un langage nouveau », capable de rendre compte de « l’espérance présente chez les croyants à tous ceux qui leur en demandent raison », a affirmé Mgr Ruiz Arenas. Mais ce renouveau de la catéchèse « ne peut consister uniquement en un changement de stratégie, ou dans l’élaboration de discours simplement plus attirants ».

Mgr Octavio Ruiz Arenas, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, est intervenu à la conférence de presse de présentation du Directoire pour la catéchèse, rédigé par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, ce jeudi 25 juin 2020. Il a présenté le long processus de travail, orchestré par ce dicastère, afin d’ « approfondir le rapport entre catéchèse et évangélisation ». Un document approuvé par le pape François.

Le secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation a expliqué que le texte actuel du nouveau Directoire pour la catéchèse est le fruit de presque six années de travail qui ont vu plancher des « experts du monde académique et des organisations pastorales » des cinq continents. Il vise à répondre « plus directement » aux défis qui se présentent aujourd’hui pour l’Eglise, « en tenant compte des grands changements culturels des dernières années ainsi que du riche magistère pontifical de cette période ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Octavio Ruiz Arenas.

Intervention de Mgr Ruiz Arenas.

En transférant la responsabilité de la catéchèse au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, le pape Benoît a voulu souligner le rôle très important de la catéchèse dans la réalisation de la mission fondamentale de l’Eglise : l’évangélisation.

Lors d’une des sessions finales de la XIIIe Assemblée générale du synode des évêques sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », il avait justement exprimé cette intention. Il l’a concrétisée le 16 janvier 2013 en publiant la lettre apostolique Fides per doctrinam, dans laquelle il affirme que la foi a besoin d’être soutenue par une doctrine capable d’éclairer l’esprit et le cœur des croyants ; en effet, expliquait-il, le moment historique particulier que nous vivons, marqué entre autres par une dramatique crise de la foi, requiert une conscience capable de répondre aux grandes espérances qui jaillissent du cœur des croyants à cause des nouvelles questions qui défient le monde et l’Eglise. L’intelligence de la foi exige toujours, par conséquent, que ses contenus soient exprimés dans un langage nouveau, apte à présenter l’espérance présente chez les croyants à tous ceux qui leur en demandent raison (cf. 1 P 3,15).

La catéchèse est appelée à un renouveau qui ne peut consister uniquement en un changement de stratégie, ou dans l’élaboration de discours simplement plus attirants. Ce Conseil pontifical a donc eu dès le début, parmi ses principales prérogatives, la transmission de la foi comme partie essentielle de la réalisation de la mission que le Seigneur a confiée à l’Eglise, ainsi que la conscience de la manière dont le témoignage de foi se vit dans la société actuelle. En effet, l’Eglise ne vit plus dans un temps de chrétienté mais dans une société sécularisée, où le phénomène de l’éloignement de la foi est aggravé par la perte du sens du sacré et par la remise en cause de l’échelle des valeurs chrétiennes. Un grand nombre de fidèles ne sont pas toujours pleinement convaincus de ce en quoi ils croient, ni conscients des fondements de la foi qu’ils professent et n’en ont parfois pas une expérience authentique. A partir de cela, nous devons être conscients que beaucoup de baptisés n’ont jamais reçu d’initiation chrétienne, n’ont pas été encouragés par le kérygme, n’ont pas fait l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Christ ou n’ont pas eu le soutien et l’accompagnement de la communauté chrétienne.

Pour approfondir le rapport entre catéchèse et évangélisation, ce Conseil pontifical a organisé une série de rencontres avec les évêques et les responsables des départements de la nouvelle évangélisation et de la catéchèse des Conférences épiscopales d’Amérique latine, d’Europe et des Etats-Unis. Puis, en mars 2015, ici à Rome, s’est tenu un séminaire d’études avec des experts du monde académique et des organisations pastorales dans le domaine de la catéchèse, dans le but de fournir une vision globale de la situation de la catéchèse. En outre, il a semblé nécessaire de mieux comprendre la façon dont l’activité catéchétique s’insère dans le processus de la nouvelle évangélisation. Ainsi, en mai 2015, une ébauche de document intitulée « Catéchèse et nouvelle évangélisation » a été élaborée. A partir du Directoire général pour la catéchèse, elle intégrait ce que le pape François avait indiqué dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium. Ce projet a été présenté aux membres de ce Conseil pontifical pendant la seconde Assemblée plénière, qui s’est tenue du 27 au 29 mai 2015 et il a été finalement décidé qu’une mise à jour du Directoire de 1997 serait plus opportune.

Pour ce faire, une commission d’experts fut convoquée à Rome, pour examiner le Directoire général pour la catéchèse et leur demander des propositions de mise à jour. Cette commission était composée de douze experts provenant du Brésil, de Colombie, du Mexique, des Etats-Unis et de différents pays européens (Croatie, France, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Espagne et Ukraine), outre les supérieurs du Conseil pontifical, un évêque des Eglises orientales, six prêtres, une religieuse, trois femmes et un homme laïques. Il y a eu trois rencontres au cours de l’année 2016.

La première a permis d’examiner le Directoire en question et de prendre acte des points à revoir et à mettre à jour ; la deuxième de partager sur les différentes suggestions et enfin, la troisième de rédiger un document qui a cherché à refléter les conclusions auxquelles les trois sessions avaient abouti. Ce texte a été amplement étudié avant de parvenir à la conclusion qu’il était plus opportun de réélaborer un nouveau Directoire qui répondrait plus directement aux défis qui se présentaient aujourd’hui pour l’Eglise, en tenant compte des grands changements culturels des dernières années ainsi que du riche magistère pontifical de cette période. Une première ébauche a été envoyée en avril 2017 à plus de cent experts des cinq continents : cardinaux, évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs compétents en Ecriture sainte, théologie, catéchèse, liturgie et théologie pastorale. Différentes conférences épiscopales ont été consultées, ainsi que quelques universités et les membres du Conseil international pour la catéchèse (Co.In.Cat.) ; les commentaires envoyés ont été pris en considération pour la rédaction d’une seconde ébauche. En septembre 2017, une rencontre a eu lieu avec les consulteurs du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, au cours de laquelle la réflexion a porté particulièrement sur les thèmes des jeunes et de la piété populaire, thèmes importants dans la préparation du Directoire.

Au cours de la IVe Assemblée plénière (27-29 septembre 2017), les cardinaux et les évêques ont approuvé en substance la quatrième ébauche du Directoire et les 16-17 octobre, le Conseil international pour la catéchèse s’est réuni pour aborder certains thèmes d’intérêt pour le nouveau Directoire, tels que la réalité des jeunes, la culture numérique, la piété populaire et la catéchèse pour et avec les personnes handicapées.

Ces rencontres et les consultations qui ont suivi, avec les corrections nécessaires, ont abouti au texte actuel du nouveau Directoire pour la Catéchèse : après douze ébauches et presque six années de travail, le pape François l’a approuvé le 23 mars de cette année, en la mémoire liturgique de saint Turibio de Mogrovejo, et en a ordonné la publication.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat