Nouvelle édition des
Mémoires d’une rebelle par Amour
Enrichetta Alfieri

C’est dans la petite Maison Saint Joseph de Milan, où sont gardées les dépouilles mortelles de la Bienheureuse Enrichetta Alfieri, qu’a été présentée, le 24 novembre dernier, par les soins de Soeur Wandamaria Clerici et Soeur Maria Guglielma Saibene,

la nouvelle édition des Mémoires d’une rebelle par Amour,  publiée par la Maison d’édition Velar-Marna, dans le collection Traces.

La rencontre avait un double but : célébrer  la mémoire liturgique de la « Maman de Saint Victor », nom qui a caractérisé cette Soeur de la Charité, et offrir une perspective de lecture renouvelée des notes à la calligraphie élégante, rédigées par Soeur Enrichetta;  elles sont le témoignage de ce qu’elle  appelle une  « mésaventure » durant son service de presque trente ans à la prison milanaise de Saint Victor avec les huit mois de terreur, en 1944, quand la police nazi-fasciste peupla de figures aberrantes ce triste endroit de détention, devenue prison en période de guerre.

Les Mémoires de Soeur Enrichetta présentent indissolublement tressés : la valeur d’un document historique, celui  d’un chemin de foi et d’un itinéraire personnel, difficilement distincts l’un de l’autre.  Soeur Enrichetta se refuse d’être une « gardienne en accord avec les allemands » dans cette prison où la loi est dictée par les nazi-fascistes ;   elle se présente, face de la violence de l’histoire, comme une « rebelle par Amour », en rompant ce cercle de la violence. C’est justement cet  aspect qui est souligné dans la Préface de la nouvelle édition:  Soeur Enrichetta est « une femme de la rencontre qui sait s’arrêter, prendre du temps, écouter, accueillir, lire et interpréter les signes des temps pour donner une réponse évangélique. Une femme … qui construit des ponts, recherche les relations, tisse des liens pour un réseau de solidarité, parce que la paix est le fruit d’une négociation marquée par la prudence et la patience. Une femme capable d’engagement civique, social et religieux. Une vraie Soeur de la Charité, une Italienne authentique ».

Les nombreuses voix intervenues à la présentation ont contribué à faire apparaitre la figure de Soeur Enrichetta. Mgr Ennio Apeciti a analysé sa manière de « voir avec le cœur » qui a été capable d’engendrer un jardin d’amour dans l’enfer de la prison. L’historien Luigi Borgomaneri a déchiré le voile sur les infamies de la prison dans laquelle Soeur Enrichetta se trouvait d’abord comme recluse volontaire puis comme véritable recluse. Lucia Massariello, fille de Maria Arata, antifasciste qui se consacra à la diffusion de la presse clandestine et qui, pour cela finit à Saint Victor avant d’être déportée à Ravensbruck, a rappelé la bonté, la générosité et l’espérance incarnées par Soeur Enrichetta, noble figure de la Résistance comme beaucoup d’autres sœurs dans la prison. Carla Bianci Iacono, fille de Carlo Blanchi, l’un des fondateurs de la feuille clandestine Le Rebelle, emprisonné à Milan et puis fusillé en 1944 à Fossoli, a reconstruit le rôle de Soeur Enrichetta à Saint Victor à partir de l’événement de son père fusillé, avant qu’elle ne soit née.

Mais le témoignage le plus précieux, parce qu’il est direct, est venu de Monseigneur Giovanni Barbareschi, emprisonné pendant que Soeur Enrichetta était la Mère de la Prison :  avec  un fier esprit de foi, le prêtre « rebelle pour Amour » a indiqué dans la Bienheureuse « une femme, une religieuse, une mère à laquelle on pouvait faire confiance  dans un climat de peur et de suspicion, une de ces nombreuses « rebelles par Amour » qui a souffert et payé pour la liberté de notre Pays ».