Un collectif appelle Guterres à agir rapidement pour empêcher « la dissolution » du Liban

Le groupe « Unis pour la justice en faveur du Liban et de son peuple » a adressé une lettre au secrétaire général de l’ONU, l’exhortant notamment à « libérer le pays des occupations et des milices armées ».

Exhorter les Nations unies à œuvrer pour « rendre justice à un peuple qui n’en peut plus de subir les guerres d’autrui et leurs répercussions dans son pays ». Tel est l’objectif d’une lettre adressée hier à Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, par le collectif « Unis pour la justice en faveur du Liban et de son peuple », par l’entremise de la Marocaine Najat Ruchdi, coordinatrice spéciale adjointe des Nations unies au Liban, qui travaille aux côtés du coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban, Jan Kubis. Composé essentiellement d’ambassadeurs, d’ingénieurs et d’hommes d’affaires, de magistrats, journalistes et médecins, le collectif a organisé hier une conférence de presse au Club de la presse (Furn el-Chebbak), au cours de laquelle Oudaï Daher, membre du groupe et professeur de sciences politiques et de relations internationales à l’Université libanaise, a fait part du contenu de la lettre. « Nous avons invité M. Guterres à transmettre aux États membres du Conseil de sécurité la demande de libérer le Liban des occupations et des milices armées, de rétablir sa neutralité positive, et de charger des instances judiciaires internationales indépendantes de statuer sur les affaires de corruption et de pillage de fonds publics ainsi que de prendre en main l’enquête et le procès liés à la double explosion du 4 août ».

Cour pénale internationale

Également membre du groupe, Hicham Hamdan, ancien ambassadeur auprès des Nations unies, est intervenu pour affirmer en substance que « sans justice, il est impossible de réaliser des réformes ». « Il faut que la Cour pénale internationale, instance non politisée, chargée de juger les génocides et crimes contre l’humanité, soit saisie de la tragédie survenue au port, qui a coûté la vie à des centaines de citoyens, handicapé de manière permanente de nombreux autres, causé l’exode de milliers de familles dont les maisons ont été détruites, et poussé les jeunes à l’émigration ». MM. Daher et Hamdan étaient entourés de deux autres membres du collectif, Jinane Chaaban, experte en chimie auprès d’organisations internationales, et Badih Ghossaini, ancien enseignant à l’Université libanaise. Les intervenants ont en outre exhorté le Conseil de sécurité à faire appliquer le jugement du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) dans l’affaire de l’assassinat de l’ex-chef du gouvernement Rafic Hariri, en œuvrant à arrêter le seul inculpé, Salim Ayache, membre du Hezbollah.

Retenu par des obligations personnelles, Chucri Sader, ancien président du Conseil d’État, et l’un des piliers du groupe, n’a pu pour sa part participer à la conférence de presse. Joint par L’Orient-Le Jour, il a précisé que Najat Ruchdi, après avoir réceptionné la missive destinée à M. Guterres, a écouté de manière très attentive les doléances des membres du groupe, liées notamment à la justice, la corruption, l’environnement… « L’idée du message est de demander aux Nations unies d’aider les Libanais dans leur lutte contre la corruption et contre ceux qui confisquent et bloquent la légalité. D’autant que le mouvement de contestation fait de son mieux sans que ses efforts ne soient suffisants pour parvenir à la satisfaction de ses revendications », indique M. Sader. « Intervenir dans les plus brefs délais en faveur du pays est une obligation impérative pour l’ONU », martèle-t-il, rappelant que « le Liban, un de ses membres fondateurs, est à l’agonie, aux soins intensifs, voire en danger de dissolution ». L’ancien magistrat évoque en outre la nécessité d’appliquer la résolution 1559 prise par le Conseil de sécurité de l’ONU (2004), qui prévoit notamment le désarmement et la dissolution de toutes les milices au Liban.

OLJ / Par Claude ASSAF, le 15 septembre 2020