Depuis mon enfance, un rêve habitait mon cœur : faire part de la famille Sainte Jeanne-Antide. Ce rêve, je l’ai nourri en regardant ma mère, elle-même ancienne élève, enseigner avec passion. Je voulais suivre ses pas, ressentir cette même appartenance, faire partie de cette grande famille. Alors, le jour où j’ai franchi ces portes pour la première fois, j’étais flattée.

Je n’étais plus seulement la fille d’une ancienne élève, j’étais désormais une élève de Sainte Jeanne-Antide.

Au fil des années, les valeurs de Jeanne-Antide m’ont façonnée bien au-delà de mes attentes. La bienveillance, la persévérance, le don de soi, surtout grâce aux visites des orphelinats, des asiles et des lépreux.

Ces rencontres m’ont appris la véritable signification du mot « service. » Ces moments m’ont appris que ladignité et l’amour peuvent transformer une vie, que l’essence même du message de Jeanne-Antide réside dans l’attention portée aux plus vulnérables.

Ces visites n’étaient pas de simples sorties scolaires ; elles étaient une leçon de vie, une invitation à dépasser nos propres préoccupations pour offrir un peu de lumière à ceux qui en avaient le plus besoin. C’est à travers ces expériences que j’ai compris que l’éducation ne se limite pas aux salles de classe, mais qu’elle est aussi un engagement du cœur envers les autres.

Parmi toutes les figures qui ont marqué mon parcours, Sœur Pauline Massouh, qui a tenu une place particulière dans mon cœur. Elle n’était pas seulement une éducatrice, mais elle croyait en nous plus que nous ne croyions en nous-mêmes. Pendant mon adolescence, elle a su poser sur moi ce regard plein de confiance et d’encouragement qui m’a donné la force d’avancer, de croire en mes capacités. Elle a été un guide, une inspiration. Et le jour où, devenue adulte, c’est elle qui m’a tendu la main pour me proposer de revenir enseigner ici, dans cette école qui m’avait tant donné, j’ai senti mon cœur se serrer d’émotions. C’était un cercle qui se refermait, une promesse silencieuse que je faisais à mon tour : transmettre ce que j’avais reçu.

Aujourd’hui, je me tiens de l’autre côté de la classe, face à mes élèves. Chaque jour, j’essaie d’être pour elles. ce que mes enseignantes ont été pour moi : un repère, une main tendue, une voix qui croit en elles.

Sainte Jeanne-Antide ne m’a pas seulement éduquée. Elle m’a offert une mission, une vocation, et surtout, une famille pour la vie.

Mireille Raouf