24 Août 1826  (Naples) à 22h10

Jeanne-Antide retourne à la maison du Père

« Jésus-Christ nous a promis le Ciel… ! »(S.JA)

En communion avec nos Sœurs « partout dans le monde »,

En communion avec toutes celles qui nous ont précédées dans la foi,

en communion avec nos Amis laics,

nous célébrons dans l’action de grâces la Naissance au Ciel de Sainte Jeanne-Antide

ce 24 Août 2014, 21ème dimanche du Temps Ordinaire :

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Jésus)

 

Du Livre de Mgr Trochu

« Le Pape Léon XII avait convié les chrétiens au Jubilé solennel de l’Année Sainte.

… Selon la coutume, le jubilé universel, inauguré à Rome, y attira d’abord des foules de pèlerins de mai 1825 à mai 1826. Puis à cette dernière date, il fut prolongé pour un an….

A Naples, rien n’arrêta 1’élan populaire ; des missions, prêchées dans les paroisses, donnèrent lieu aux manifestations de piété les plus touchantes.

La Mère Thouret décida qu’à Regina Cedi on n’attendrait pas aux derniers jours pour gagner les indulgences précieuses attachées à de tels exercices. « C’est mon dernier jubilé, disait-elle, ce sera le dernier pour beaucoup d’entre nous. »

Soudain, au cours de la dernière procession, elle chancela et fut près de tomber. Deux religieuses la soutinrent. L’étourdissement fut de courte durée … le docteur de Regina Coeli se montra soucieux : la Mère, précocement usée, ne résisterait pas, pensait-il, à une nouvelle attaque. Il l’obligea à se ménager encore.

Seul, son cœur plein de sollicitudes ne se reposait point. Elle continuait de s’intéresser à la marche de son institut et tout spécialement aux fondations en cours… Mais ses forces s’en vont. « Je me porte tout doucement, écrit-­elle, le 27 juin 1826 ; nous avons une inconstance de saison bien extraordinaire »

Depuis quelques mois, la Mère, afin de pouvoir communier, s’imposait, chaque jour, un sacrifice héroïque. Le diabète, dont elle souffrait de plus en plus, lui occasionnait une soif si intense que c’était dans sa bouche comme une brûlure ; au cours des journées, n’y pouvant tenir, elle devait s’humecter souvent les lèvres avec un peu d’eau.

Dès le début de juillet, résister à ce supplice, même quelques heures après minuit, lui devint presque chaque jour tout à fait impossible… « Hélas ! mon Jésus, soupirait-elle, encore une journée sans vous ! » …

Le 16 juillet, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, elle eut la consolation de donner l’habit de religion à quatre novices de Regina Cedi. Parmi ces jeunes religieuses se trouvait sa propre nièce Françoise Thouret, devenue Soeur Fébronie, qu’elle avait, nous le savons, amenée avec elle de Franche-Comté.

En la fête de 1’Assomption, elle put communier encore.

Trois jours après, prise d’un vertige, elle s’affaissait soudainement. Frappée d’hémorragie cérébrale, un côté paralysé, la Mère fut portée dans son lit. A peine pouvait-­elle prononcer quelques monosyllabes. Les phrases qu’elle essaya de dire demeurèrent inintelligibles…

Le matin du 24 août, l’abbé Galdieri, qui la visitait deux fois le jour, lui donna l’extrême-onction puis l’indulgence dite « à l’article de la mort ». Il lui fut impossible de commu­nier.

Jusque-là, elle avait pu s’exprimer par signes, montrant à son confesseur et à ses religieuses qu’elle saisissait toutes leurs paroles : elle regardait le crucifix quant l’abbé Galdieri linvitait à unir ses souffrances à celles du Sauveur ; elle fixait les yeux sur l’image de Marie s’il lui nommait cette céleste Mère en qui elle avait mis sa confiance ; elle les levait au ciel lorsqu’il était question des éternelles récompenses ou de la seule véritable patrie… Dès l’instant où elle reçut l’extrême-onction, elle sembla ne plus appartenir à la terre. Elle était entrée en agonie.

Cependant, elle n’avait pas perdu tonte connaissance. Elle remua les lèvres tandis qu’on lui présenta le crucifix à baiser ; elle eut un long et expressif regard pour ses filles agenouillées autour d’elle ; comme ses deux nièces s’approchaient et qu’on lui demandait pour elles une suprême marque de tendresse, elle agita ses mains comme si elle eut voulu les leur tendre.

Vers neuf heures du soir, elle tombait dans le corna. A dix heures dix minutes, la Révérende Mère Jeanne-Antide Thouret rendait sa sainte âme à Dieu.

Elle mourait à soixante ans huit mois vingt-quatre jours …

… Ses filles désirèrent en conserver l’image : un artiste en fit une esquisse rapide qu’il achèverait dans son atelier.

Par les cloitres désolés, les Soeurs de la Charité portèrent à l’église la dépouille de leur Mère.

Deux jours et deux nuits, les portes de Regina Coeli demeurèrent ouvertes. Les Napolitains ne cessèrent d’y venir ; chaque matinée, des prêtres nombreux s’offrirent pour célébrer la messe aux différents autels.

Dans la soirée du 27, le corps fut inhumé dans la chapelle de l’Immaculée-Conception. La vénérée Mère avait fait restaurer et embellir cette chapelle par dévotion pour Marie Immaculée. En l’ensevelissant là, on réalisait l’un de ses pieux désirs.

A Regina Coeli, les condoléances affluèrent. Les regrets étaient unanimes : une sainte religieuse, une grande bien­faitrice des petits et des pauvres venait de quitter la terre. La lettre adressée à Soeur Rosalie par Mgr Narni témoignait d’une admiration sans réserve :

« Moi qui ai pénétré jusqu’au plus intime de son âme, moi qui l’ai dirigée pendant neuf ans, moi à qui elle confia le secret de ses vicissitudes, oh ! que de choses merveilleuses je pourrais citer à sa louange, proposer à l’imitation des chrétiens et des personnes religieuses !…

Son esprit docile, ouvert aux inspirations de 1’Esprit-Saint, en reçut des trésors de sagesse, de science théologique qui passaient dans ses circulaires, ses avis, tour ses enseignements.

Son cœur, fidèle aux opérations de la grâce, exerçait une action suave et un pieux attrait ».