Avant l’inauguration officielle du Chapitre, les 49 capitulaires présentes à la maison générale avec toutes les autres sœurs qui sont au service du Chapitre se sont rassemblées pour la célébration eucharistique afin d’implorer la bénédiction de Dieu le Père!

La célébration liturgique a été présidée par Père Valerio Di Trapani de la Congrégation de la Mission (Lazaristes). À partir des lectures de la messe, le Père Valerio a partagé ses réflexions et a souligné le travail de l’Esprit dans un chapitre. Vous pouvez lire le texte entier ou le télécharger.

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Vous pouvez voir ici la vidéo de l’Eucharistie d’ouverture

Homélie du Père Valerio Da Trapani, cm

Votre 21° chapitre général commence en trouvant refuge, comme Jésus et avec Jésus, à Béthanie, une maison accueillante, un lieu d’écoute, d’amour, de tendresse, un espace d’où, selon l’évangéliste Jean, Jésus repartit pour Jérusalem, où il pourra se livrer aux juifs, pour être tué et ressusciter le troisième jour.
L’Evangile que nous venons d’écouter nous présente le récit de la visite de Jésus à Marthe et à Marie de Luc. Cette péricope se situe immédiatement après la parabole du bon Samaritain et ce n’est pas par hasard ! En effet, pour répondre à la question du docteur de la loi : “Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle en héritage ?”, Luc insère d’abord, en plus du fameux commandement de l’amour, la belle parabole et ensuite l’épisode de Béthanie. Deux récits qui semblent contradictoires :

• Le premier souligne l’exemplarité de qui a su s’arrêter auprès d’un homme blessé, en accomplissant les gestes du service,
• l’autre récit, au contraire, loue l’attitude accueillante de Marie, qui au lieu de se fatiguer dans le service, se met à écouter attentivement Jésus.

Les deux textes reflètent l’opposition existant dans la communauté de Luc, première destinataire des textes évangéliques, qui en ce temps-là apparaissait divisée. En effet comme le nombre des disciples augmentait, certains se lamentaient que leurs pauvres étaient négligés, tandis que d’autres protestaient car ils étaient obligés de laisser “la Parole de Dieu” pour se dédier au service des tables (cf At 6).
Quel est le fil rouge que nous découvrons, en écoutant la parabole du Bon Samaritain et le récit de Béthanie ?
Jésus semble indiquer que l’amour doit se décliner avec les verbes de l’accueil et du service, de l’écoute profonde et radicale de la Parole en restant ancrés fidèlement à la réalité. Jésus nous dit que la vie chrétienne n’est pas une théorie à appliquer, mais une façon de se situer comme des personnes amoureuses, au service de l’histoire et des circonstances humaines, fidèles à la réalité historique que nous constatons.
A l’inverse du prêtre et du lévite, le Samaritain comprend que la circonstance qui est se présente à ses yeux l’appelle à s’arrêter, à se pencher aux pieds de l’homme blessé. Son coeur pris de façon irrémédiable dans l’histoire de cet homme tombé aux mains des brigands, l’entraîne à poser des poser improvisés de soin et d’amour.
De la même manière, Marie lit bien l’événement qui arrive dans sa maison et choisit de se placer aux pieds de Jésus dans une attitude d’écoute et d’adoration du maître.
Marthe, comme le prêtre et le lévite, au contraire, préfère se réfugier dans la tradition vide, en répétant de mémoire des gestes toujours les mêmes, des gestes standard, qui trahissent la réalité, en ignorant l’histoire et donc en devenant déshumanisés. En effet, Jésus, ne reproche
pas à Marie les gestes de la diaconie, mais plutôt l’agitation dans la façon d’accomplir beaucoup de choses qui la détournent de l’unique chose qui à ce moment était essentielle : accueillir Jésus.
Chères Soeurs, le Seigneur vous demande d’être ancrées dans la réalité, c-à-d fidèles à Dieu et aux hommes. Gaudium et Spes, au numéro 1 nous rappelle qu’il n’y a rien de ce qui est de plus authentiquement humain qui ne trouve écho dans le coeur des disciples du Christ et de ceux qui sont solidaires avec l’histoire des hommes. (cf GS 1)
Il est intéressant de noter que le Samaritain comme Marie choisissent de se placer aux pieds… et ils choisissent vraiment bien ! les pieds des pauvres et les pieds du Christ, sont le lieu panoramique d’où l’on peut regarder la réalité.

• C’est sur les pieds, que Marie versera le parfum précieux et abondant, en soulignant la gratuité et la générosité de celui qui aime avec passion.

• Les pieds de Jésus seront lavés par des larmes, essuyés avec les cheveux et oints avec l’huile pour exprimer avec une profonde tendresse la gratitude de celui qui connaît la miséricorde de Dieu;

• C’est aux pieds de Zachée, que Jésus se placera pour appeler ce pécheur à entrer en un tourbillon d’amour;

• Ce sont les pieds des disciples qui seront nettoyés par Jésus pour rappeler que ceux-ci devront toujours choisir d’aimer comme les serviteurs;

• C’est aux pieds du Christ en croix, que Marie et Jean accueilleront les dernières paroles de Jésus.

Se tenir humblement aux pieds de Dieu et des pauvres c’est le lieu où les Soeurs de la Charité sont appelées à “voir” Dieu et à accueillir sa volonté. Si nous n’habituions pas nos genoux aux gestes du service des pauvres, de l’écoute priante de la Parole et de la contemplation du mystère de Dieu, il serait bien difficile de discerner les signes des temps.
Chères Soeurs, que votre Chapitre général vous aide à scruter la réalité dans laquelle vous êtes situées, avec des yeux de personnes amoureuses.

Que l’exemple de Sainte Jeanne-Antide Thouret et de Saint Vincent de Paul illumine votre important travail. Amen