Pour mieux comprendre la réalité ecclésiale au Vietnam, nous reprenons ici les propos que Mgr Nguyen Anh Tuan, évêque de Ha Tinh, dans le nord du pays, a partagé avec la rédaction d’Asianews, le magazine en ligne de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME), au lendemain du Synode de novembre 2023.

Parmi les délégués qui ont participé au Synode au Vatican, la présence des évêques vietnamiens a été très significative. Avec l’un d’entre eux – Mgr Louis Nguyen Anh Tuan, évêque de Ha Tinh, dans le nord du pays, après avoir été évêque auxiliaire de Ho Chi Minh Ville – AsiaNews a approfondi la situation actuelle de l’Église au Vietnam, à la lumière de la récente lettre que le pape François a envoyée à cette Église il y a quelques semaines, au lendemain de la signature de l’accord avec le gouvernement de Hanoi qui ouvre la voie à la présence d’un représentant permanent du Saint-Siège dans le pays.

« Les gens ont été très heureux de recevoir cette lettre du Pape François », dit Mgr Anh Tuan, « c’était la première fois qu’il s’adressait directement aux fidèles. C’était la première fois qu’il s’adressait directement aux fidèles. Maintenant, ils attendent de le recevoir au Viêt Nam : la lettre était un signe en ce sens. Il a également dit : « Si je ne peux pas venir, Jean XXIV viendra ». Nous attendons le pape depuis longtemps, cela fait plusieurs années que nous voulons l’inviter. Aujourd’hui, je pense que le gouvernement souhaite également cette visite, même si elle n’a pas encore été officiellement déclarée ».

Interrogé sur le climat actuel de l’Église au Vietnam, Mgr Anh Tuan a parlé d’une nette amélioration de la situation de l’Église au Vietnam au cours des dernières années.

La signature de l’accord sur la présence d’un représentant permanent du Saint-Siège à Hanoi a été une étape importante. Nous espérons qu’elle contribuera au développement de nos activités pastorales. Ces dernières années déjà, nous avons bénéficié d’une plus grande liberté à cet égard », explique l’évêque de Ha Tinh, « et je dois dire que l’événement traumatisant qu’a été la pandémie a été une occasion de croissance à cet égard. En particulier à Saigon (Ho Chi Minh Ville), qui a été très durement touchée, de nombreux prêtres, religieuses et laïcs se sont dépensés pour aider les victimes et le gouvernement a reconnu cette contribution. La confiance en nous s’est accrue. Et je pense que c’était l’occasion d’offrir un témoignage de foi à travers nos activités caritatives ».

Dans sa lettre aux catholiques vietnamiens, le pape François aborde également l’invitation à être « de bons chrétiens et de bons citoyens », également adressée aux catholiques chinois lors de son voyage en Mongolie. « Ce sont des mots que notre gouvernement a beaucoup appréciés, a commenté le prélat vietnamien, et pas seulement les catholiques, chaque Vietnamien doit être un bon citoyen. Pour nous, c’est aussi une façon de témoigner de l’Évangile. Être de bons citoyens aujourd’hui au Viêt Nam, c’est être de bons disciples du Christ ».

Quelles sont les priorités pastorales de l’Église au Vietnam?

Le développement d’un pays comme le Vietnam est encore un défi ouvert : « Le fossé entre les grandes villes et les zones rurales est très grand », explique l’évêque de Ha Tinh : « Dans mon diocèse, je vois des jeunes partir pour Saigon, Hanoi, Da Nang, Hai Phong, mais aussi pour la Corée, le Japon, la Malaisie ou même les États-Unis et l’Europe, où ils peuvent gagner leur vie ». Nous devons aussi en tenir compte dans notre pastorale : nous éduquons les jeunes dans la foi comme un bagage spirituel à emporter partout où ils se trouveront à l’avenir. Mais notre Eglise est encore à la recherche de solutions pour leur pastorale. Nous devons travailler davantage avec les Églises des pays d’accueil, c’est aussi un visage de l’Église synodale. En effet, partout où les catholiques vietnamiens se réunissent en tant que communauté, ils vivent leur foi d’une manière vibrante : beaucoup le confirment. Nous essayons d’aborder ce problème, en envoyant avec eux des missionnaires qui ne sont pas seulement pour les Vietnamiens, mais au service des Églises locales où ils sont insérés. Un ministère ad vitam, rendu possible aussi par le fait que les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée restent nombreuses au Vietnam ».

L’Église au Vietnam connaît une saison de vitalité vocationnelle

Une richesse qui témoigne à son tour de la vitalité de l’Église vietnamienne. « L’année dernière, raconte le prélat, dans mon diocèse, nous avions 105 candidats au séminaire, mais nous aurions pu en recevoir 30. Certains évêques envoient les candidats qu’ils ne peuvent pas recevoir dans d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande ou l’Australie. Les vocations restent nombreuses, mais davantage dans les zones rurales que dans les villes. On peut faire une lecture sociale de ce phénomène : ce sont les zones les plus pauvres, les familles catholiques y sont beaucoup plus pieuses. Mais je regarde le sens spirituel : c’est le lieu où le Seigneur appelle à servir le Royaume de Dieu. Après tout, Jésus l’a dit dans l’Évangile : « Heureux les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous ».

Source: Pime Asia News

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